Une approche nutritionnelle visant à prévenir, ralentir ou arrêter la progression de la maladie d’Alzheimer est une stratégie prometteuse. De nombreuses études suggèrent que l’apport nutritionnel pourrait influer sur le développement et la progression de la maladie d’Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer est la cause de démence la plus largement reconnue parmi la population vieillissante. Elle se caractérise par les dépôts de plaques amyloïdes dans le cerveau, l’apparition d’une pathologie neurofibrillaire, la perte neuronale et le dysfonctionnement des systèmes neuroanatomiques. Outre ces caractéristiques pathologiques fondamentales, de nombreuses autres ont été observées, comme l’augmentation du stress oxydatif, dysfonctionnement des mitochondries et de la production d’énergie cellulaire et mécanismes inflammatoires chroniques contribuant à la cascade dégénérative de cette maladie complexe.
On ne connaît pas de remède pour cette maladie et les méthodes de traitement actuelles consistent à maximiser la transmission de l’acétylcholine et d’autres neurotransmetteurs, tout en utilisant d’autres médicaments et des stratégies multidisciplinaires pour traiter les comorbidités associées axées sur l’amélioration de la qualité de vie et le soulagement des symptômes.
Une approche nutritionnelle visant à prévenir, ralentir ou arrêter la progression de la maladie d’Alzheimer est une stratégie prometteuse. De nombreuses études suggèrent que l’apport nutritionnel pourrait influer sur le développement et la progression de la maladie d’Alzheimer. Des troubles métaboliques potentiels dus à des carences ou des excès alimentaires contribuant au développement de la maladie peuvent être corrigés par une une modification du régime alimentaire et une supplémentation adéquate.
Les modifications du régime alimentaire ont l’avantage d’être économiques aussi bien pour le budget national qu’individuel, faciles à mettre en œuvre et généralement dépourvues d’effets indésirables significatifs. De nombreuses interventions nutritionnelles ont été étudiées et continuent d’être évaluées dans l’espoir de trouver un agent efficace, une combinaison d’agents ou des modifications diététiques pouvant être utilisées pour la prévention ou le traitement de la maladie d’Alzheimer. Quelles sont donc les modifications à apporter à notre régime alimentaire dans le but de minimiser le risque de la maladie d’Alzheimer ? Quels sont les aliments à privilégier ? Lesquels sont à éviter ?
Les antioxydants
L’augmentation du stress oxydatif serait un facteur initiant ou contribuant à la neurodégénérescence observée dans la maladie d’Alzheimer. Les antioxydants joueraient donc un rôle protecteur contre la maladie, agissant de nombreuses manières :
- en réduisant les lipides membranaires oxydés,
- en empêchant la carbonylation des protéines,
- en limitant les dommages causés par les acides nucléiques,
- en influençant les voies de la kinase du stress.
La vitamine E
Quels sont donc les antioxydants intéressants et prometteurs dans la prévention et le traitement de la maladie d’Alzheimer ? L’un d’eux est la vitamine E, (α-tocophérol), qui pourrait prévenir les modifications dans le cerveau caractéristiques de la maladie. La vitamine E devrait être associée à la vitamine C qui optimise son absorption.
Les meilleures sources alimentaires de la vitamine E
La vitamine C
Outre ses effets en association avec la vitamine E, la vitamine C (acide ascorbique) a été largement étudiée pour la prévention et le traitement de la maladie d’Alzheimer. Il existerait l’association entre l’apport alimentaire et la supplémentation en vitamine C et la fonction cognitive chez les personnes âgées. Une relation entre la carence en vitamine C et une déficience cognitive a également été démontrée.
Les meilleures sources alimentaires de la vitamine C
Le sélénium
Le sélénium organique est un autre antioxydant qui a fait l’objet d’études cliniques chez l’homme dans le cadre de la prévention de la maladie d’Alzheimer. En effet, le sélénium aurait des effets profonds sur la santé du cerveau et posséderait la capacité de réduire les plaques amyloïdes.
Les meilleures sources alimentaires du sélénium
La liste d’antioxydants pouvant jouer un rôle dans la prévention et le traitement de la maladie d’Alzheimer est longue, pour ne citer que l’acide alpha-lipoïque, le bêta-carotène et d’autres bioflavonoïdes, mais davantage d’essais sont nécessaires pour prouver leur efficacité. En attendant, on peut les inclure dans l’alimentation sans aucun risque et dans l’espoir de préserver au mieux nos fonctions mentales.
Les acides gras oméga-3
Les acides gras sont présents dans toutes les cellules du corps et font partie des membranes cellulaires. Ils jouent un rôle majeur dans la stabilité, la fluidité et la connectivité synaptique des membranes cellulaires. L’oxydation des acides gras par les radicaux libres endommage la membrane cellulaire ce qui contribuerait à la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer, bien que d’autres rôles des acides gras insaturés pourraient empêcher ou ralentir sa progression.
L’acide docosahexaénoïque (DHA) et l’acide eicosapentaénoïque (EPA) sont les principaux acides gras oméga-3 étudiés dans le cadre de la prévention de la maladie d’Alzheimer. Le DHA est l’acide gras oméga-3 le plus abondant dans le cerveau. Une consommation régulière d’huile de poisson, riche en acides gras oméga-3, permettrait de réduire le risque de développer la maladie d’Alzheimer. Il a été néanmoins démontré que les avantages des acides gras oméga-3 sont neutralisés par un apport alimentaire élevé en oméga-6 et en acides gras saturés, caractéristique de l’alimentation occidentale.
Les meilleures sources alimentaires des oméga-3
Les vitamines B
Plusieurs études ont montré qu’une élévation des taux d’homocystéine sérique et une diminution de la vitamine B12 étaient associées à un risque accru de maladie d’Alzheimer. Il a été démontré également que la plupart des vitamines du complexe B étaient directement ou indirectement associées à la santé neuronale en raison de leur implication dans les voies métaboliques neuronales. La carence en ces vitamines a été directement liée au développement de troubles neurologiques spécifiques, tels que la dégénérescence combinée subaiguë (déficit en B12), la pellagre (déficit en vitamine B6), le syndrome de Wernicke / Korsakoff (déficit en B1). La supplémentation en complexe de vitamines B ralentirait l’apparition ou la progression de la maladie d’Alzheimer.
Les triglycérides à chaîne moyenne
Alors que le glucose agit comme principal substrat métabolique dans le cerveau, les corps cétoniques dérivés des triglycérides à chaîne moyenne (TCM) peuvent lui servir de source d’énergie alternative. De nombreuses recherches ont suggéré qu’une résistance à l’insuline localisée, spécifique du cerveau, se développe dans la maladie d’Alzheimer, conduisant à un dysfonctionnement neuronal et à la mort. Ces données ont amené à proposer des suppléments cétogènes comme stratégie possible pour le traitement de la maladie d’Alzheimer.
Les patients souffrant d’une altération de la mémoire présenteraient une amélioration significative de la mémoire après avoir reçu une supplémentation orale en TCM produisant des taux de cétone plus élevés dans le sang. Les avantages d’une augmentation des taux de cétone auraient été observés que chez les patients négatifs pour ApoE4. Les TCM sont extraits ou synthétisés à partir de l’huile de palme ou de noix de coco.
Le régime occidental et la maladie d’Alzheimer
L’augmentation de cas de nombreuses maladies chroniques a coïncidé avec le développement de notre culture agraire aboutissant à un régime riche en glucides hautement transformés, en sucres raffinés, en alcools, en huiles végétales saturées, en produits laitiers et en viandes grasses.
Le risque accru de maladie d’Alzheimer a été associé aux changements alimentaires évolutifs tels que :
- l’augmentation de l’indice glycémique,
- l’apport déséquilibré en acides gras, l’alimentation riche en oméga-6 et pauvre en oméga-3,
- des modifications de la composition en macro et en micronutriments,
- une augmentation de la teneur en sodium.
- une diminution de la teneur en fibres.
Ces changements alimentaires ont été liés à la prévalence accrue du syndrome métabolique, qui a été associée à l’augmentation de la prévalence de la maladie d’Alzheimer dans la société occidentale.
La diminution d’apport calorique pourrait contrer les conséquences négatives du syndrome métabolique. Elle pourrait ainsi ralentir le processus de vieillissement et prolonger la durée de vie prévue. Les avantages cérébraux de la restriction calorique peuvent être attribués à l’induction de la neurogenèse et à l’amélioration de la plasticité synaptique, protégeant potentiellement le cerveau de la sénescence liée à l’âge et permettant une récupération et une compensation accrues après une lésion neuronale ou face à des processus dégénératifs tels que la maladie d’Alzheimer.
Le régime méditerranéen dans la maladie d’Alzheimer
Les personnes vivant dans la région méditerranéenne ont la plus haute espérance de vie au monde et ont également une incidence plus faible de la maladie d’Alzheimer. Cette observation a convaincu de nombreuses autorités d’attribuer cela à leurs habitudes alimentaires. Le régime méditerranéen est extrêmement bien connu et largement recommandé en tant que mesure préventive de la maladie d’Alzheimer et des troubles cognitifs.
Les avantages du régime méditerranéen ont été attribués à la présence d’acides gras mono et polyinsaturés, en plus du bon mélange de micro et de macronutriments qui favoriserait la santé neuronale et minimiserait le risque de maladie d’Alzheimer. Riche non seulement en acides gras mono-insaturés, mais aussi en oléocanthal, l’huile d’olive est une composante importante de ce régime alimentaire. L’oléocanthal aurait des propriétés inhibitrices de la fibrillation de la protéine Tau, ce qui lui confère des propriétés potentiellement protectrices dans la maladie d’Alzheimer. Le régime méditerranéen combat les processus inflammatoires induits par le stress oxydatif et favorise la régénération des cellules, ce qui jouerait un rôle crucial dans la diminution du risque de maladie d’Alzheimer.
Bien qu’il n’existe pas de recette fixe pour ce régime, en règle générale il comprend des portions généreuses de fruits, de légumes, de grains entiers, de haricots, de noix, de graines avec des quantités faibles à modérées de poisson, de volaille, de produits laitiers et de faibles quantités de viande rouge.
Les suppléments naturels dans la maladie d’Alzheimer
Outre les substances nutritionnelles mentionnées ci-dessus, une multitude d’autres suppléments naturels pourraient modifier le développement et la progression de la MA. Un grand nombre de ces agents sont couramment utilisés dans la culture de la médecine traditionnelle en Inde, en Chine et dans d’autres régions d’Asie de l’Est et ont suscité un vif intérêt pour leurs bénéfices thérapeutiques potentiels dans la prévention de la maladie d’Alzheimer.
La motte à dents (Huperzia serrata)
La motte à dents (Huperzia serrata) est une herbe traditionnelle chinoise. L’huperzine, un alcaloïde qu’elle contient, réduirait la formation de plaques amyloïdes et abrogeait la mort cellulaire en modifiant le contenu en fer neuronal.
Le Gingko biloba
Le Gingko biloba, une autre herbe chinoise, a également été étudié pour son bénéfice potentiel dans la maladie d’Alzheimer. Il contient du ginkgolide B, un antagoniste du facteur d’activation des plaquettes, et a été utilisé dans des essais sur des accidents vasculaires cérébraux en raison de cette propriété. Bien que son efficacité dans la prévention du développement ou du ralentissement de la progression d’une déficience cognitive légère dans la maladie d’Alzheimer n’ait pas été démontrée, il continue à être un traitement populaire de cette maladie.
Le resvératrol
Le resvératrol est un composé aromatique polycyclique présent dans les pellicules de raisins, de framboises et de mûres, à différentes concentrations, doté de puissantes propriétés antioxydantes. Agissant en puissant antioxydant, il diminuerait le dépôt de plaques amyloïdes.
Le curcuma
Le curcuma est une épice utilisée couramment dans les cuisines orientales. Ses propriétés ont suscité un intérêt croissant dans le traitement ou la prévention du cancer, du vieillissement et de la maladie d’Alzheimer. La curcumine, l’ingrédient actif du curcuma est un puissant agent anti-oxydant et anti-inflammatoire. En outre, il a été démontré que la curcumine réduisait directement la formation de plaques amyloïdes et l’inflammation.
Une approche nutritionnelle de la prévention de la maladie d’Alzheimer semble être une approche novatrice et sûre. Néanmoins malgré des années de progrès scientifiques, médicaux et cliniques dans ce domaine, il reste beaucoup à découvrir et à prouver en termes d’interventions nutritionnelles spécifiques pour la prévention de la maladie d’Alzheimer. Des agents prometteurs tels que les vitamines, les substrats énergétiques, les flavonoïdes, les lipides et les régimes alimentaires modifiés agissant comme anti-oxydants, activateurs métaboliques, immunomodulateurs et agents de modification directe de la maladie attendent une étude plus approfondie.